Nom : Kinor
Prénom : Nahat
Âge : 16 ans
Race : demi-démon
Histoire :
Yah’ol était un seigneur parmi les siens. Sachant se faire respecter, jamais personne ne lui barrait le passage sous peine de se trouver ébouillanté, carbonisé, léguminisé, réduit à l’état de crêpe, ou de bien d’autres manières encore, mort.
Mais tout règne a une fin, car le monde est en perpétuel changement. Et Yah’ol n’échappa pas au ban de ceux qui perdent sans mourir.
Et comme le grand seigneur déchu avait maintenant d’autres soucis, il ne fut pas celui du petit être qu’il avait engendré en prenant l’apparence d’un autre, et qui se développait paisiblement dans le ventre de sa mère.
Enoch était fiévreux, d’une fièvre non pas dangereuse mais jubilatoire, se rendait en courant chez la sage-femme pour qu’elle fasse naître leur premier né en toute sécurité. L’aube n’était pas encore levée, mais sa femme, Zara, avait eu cette nuit des contractions de plus en plus rapprochées, et venait maintenant de perdre les eaux. Il revint avec celle qu’il était allé chercher, qui marchait d’un pas rapide mais loin d’être stressé comme celui d’Enoch.
La naissance se passa sans problème. Jusqu’à ce que l’enfant, déposé dans ses bras, regarde son père avec des yeux ronds, et pousse un puissant vagissement mental au lieu du cri attendu.
Enoch faillit lâcher le bébé. Ses yeux étaient écarquillés par la peur. Il regarda Zara, puis la sage-femme. A qui il rendit le bébé avant de sortir, choqué.
Bien que choquée elle aussi, tout comme la mère du petit, des années de pratique avait fait de son travail un réflexe chez elle. En utilisant la bassine d’eau prévue à cet effet, elle nettoya l’enfant, donnant par la même occasion le temps à Enoch et Zara de se reprendre. Le « père » rejoint la mère et celle-ci le supplia de prendre le bébé, et de l’emmener loin d’elle.
- C’est un enfant du diable, ce n’est pas notre enfant, c’est un démon issu des entrailles putrides de l’Enfer. Emmène-le, noie-le comme ces chiots malformés, mais, mon amour, s’il te plait, qu’il soit loin de moi.
Le père se garda de protester. Il était trop bouleversé pour cela. Même si les moyens radicaux qu’évoquait Zara ne lui plaisaient pas. Il reprit l’enfant des mains de la sage-femme, qui n’intervint pas, car c’était les affaires du jeune couple, et non les siennes, et il sortit. La sage-femme termina sa besogne en aidant la jeune mère et en la lavant, puis sortit, avant le retour d’Enoch. Toutefois elle ne rentra pas chez elle. Elle attendit discrètement Enoch, et, sans se faire voir, repéra grossièrement la direction qu’il avait prise. Elle savait qu’Enoch n’aurait jamais tué l’enfant. Certes comme Zara il n’en voulait pas. Mais jamais il n’aurait tué un nourrisson sans défense. Elle le chercha pendant deux heures, avant de le trouver sous un fourré un peu à l’écart d’un chemin. Elle le prit dans ses bras. Ses cheveux noirs étaient déjà drus sur son crâne, et il la regardait sans mouvement. Alors celle qui l’avait fait naître lui sourit.
- Comme tu es calme... Nahat.
Nahat sautait entre les arbres et s’amusait à courir après les écureuils quand une fine branche, le giflant, s’accrocha à son bandeau et l’obligea à s’arrêter pour l’en décrocher. Le garçonnet fronça les sourcils. Le bout de tissu était à moitié déchiré. Cela faisait deux ans qu’il ne le quittait pas, car il n’aimait pas son front bossu, mais depuis quelques mois une autre raison le motivait. Depuis trois mois à peu près, son front le démangeait et de la corne émergeait des bosses cachées par le bandeau. Il savait que 8 ans auparavant, ses parents l’avaient abandonné car il avait le pouvoir de parler en esprit, pouvoir selon eux issu du diable. Axa, la femme qui l’avait recueilli et emmené loin d’eux, traitait tout ceci de sornettes. Parler en esprit était le privilège des anges, selon elle, c’était un don, et non une malédiction qu’un tel enfant fut né. Cependant, l’esprit vif, Nahat pensait bien qu’elle ne dirait pas la même chose si elle voyait deux cornes lui pousser. Il se savait d’ailleurs quoi penser de tout ceci. Etait-il enfant de Dieu ou du diable ? Bah, qu’il soit l’un ou l’autre, les écureuils courraient pareil. Il replaça tant bien que mal son bandeau déchiré, et, son ventre commençant à gargouiller, reprit le chemin de la maison d’Axa.
Celle-ci l’attendait devant la porte. Petite mais bien charpentée, les cheveux grisonnants, la guérisseuse avait les mains sur les hanches.
- Dépêche-toi, ça va être froid !
- >>> Excuse-moi Axa. J’avais perdu quelque chose dans la forêt. <<<
- Tes habits sont affreux. Et le bout de tissu dont tu affliges ta tête est complètement rapiécé. Donne, je vais t’en faire un autre, si tu y tiens.
Sans que le pauvre garçon eût le temps d’intervenir, cette femme qui l’avait élevé comme son propre fils attrapa le bandeau et s’en saisit. Elle regarda ahurie le front de Nahat. Puis devint blanche comme un linge, avant de s’éloigner et dire :
- Ils avaient raison, ils avaient raison mon Dieu qu’ai-je fait... Démon !
- Axa, c’est pas vrai, tu disais que...
- Arrière, démon, va, sors de chez moi, ne reviens plus ! Tu voulais me le cacher ! Et un jour tu aurais frappé celle qui t’a élevé dans le dos, enfant du diable !
- Axa...
Le garçon fut sur le point de fondre en larmes, puis serra les dents. De quel droit ? N’était-il pas chez lui ici ? On n’élève pas quelqu’un comme ça pour le chasser à coups de pieds dans le derrière !
Sa peau commença à virer au noir, pendant que sa taille augmentait, et que les cornes qui lui poussaient depuis trois mois sortirent un peu plus. Et soudain, son corps entier s’embrasa.
Sa taille avait presque atteint celle d’Axa, et celle-ci était littéralement terrorisée. Le démon s’avança vers elle, colère et instinct se mêlant dans cet acte.
Pub. (non, j’rigooole)
Alors qu’il était assez prêt pour que la femme sente la chaleur des flammes, un sursaut le fit s’arrêter. Axa. Sans Axa il serait mort sous un buisson. Elle le lui avait dit. Il se détourna et sauta par la fenêtre, s’enfuyant à une vitesse inhumaine.
Nahat observait son petit frère. Après sa fuite, il avait fini par se retransformer quand il s’était calmé. Il avait alors erré jusqu’à une ville. C’était seulement la deuxième fois qu’il en voyait une. Quand il avait 5 ans, Axa l’avait emmené alors qu’elle allait négocier des produits, lui faisant promettre de ne pas émettre une seule petite pensée. Le garçon ne savait pas s’il s’agissait de la même ville. Il aurait été bien en peine de la reconnaître. A la limite, peut-être aurait-il reconnu une ou deux échoppes s’il s’était attardé devant. Mais tel n’avait pas été le cas. Il avait vécu de menus larcins, aidé de son don qui lui permettait de détourner l’attention des gens. Le bruit qu’un fantôme rôdait dans le quartier avait vite couru. Et Nahat avait poursuivi sa route. Jusqu’à ce village. Axa lui en avait parlé de ce village, où il était né pas ses soins. Et comme, même inconsciemment, dans la tête de ce bambin de 9 ans, il fallait se trouver un but, Nahat s’était raccroché à celui-ci. Et n’avait pas tardé à trouver la maison d’Enoch et Zara. Quelle surprise quand il avait découvert cet autre enfant ! Ses mains en avaient bruni. Mais il avait fini par accepter ça. Toujours à la dérobée, Nahat avait observé Gamaliel, et avait fini par le trouver sympathique. De deux ans son cadet, il était de constitution beaucoup plus fluette, et commençait à apprendre le violon alto. Souvent Nahat s’immisçait dans ses pensées, impossible à repérer, par curiosité, manque d’amour, besoin inexplicable. Et il adorait le faire quand son petit frère prenait ses leçons.
Personne dans ce village ne pouvait faire le rapprochement entre lui et ce nouveau-né mort si jeune, dès sa naissance, quelle calamité. Il était donc un va-nu-pied comme d’autres avant lui, toléré tant qu’il ne dérangeait pas trop, souvent chassé par des regards peu amènes. Un va-nu-pied un peu étrange, certes, qui ne parlait guère, car Nahat ne se servait pas de son don ici comme à la ville. Cela aurait été beaucoup moins discret. Un an passa ainsi, avant que, lassé par le mépris des villageois, et craignant sa réaction s’ils poussaient le bouchon trop loin, Nahat s’en fût et retourna de par les villes.
Nahat, hors d’haleine, s’arrêta dans une ruelle. Il n’avait pas eu le papier, qu’importe, il avait réussi à retenir le plus important.
4 années avaient passé depuis le départ de son village natal, et le jeune homme avait appris à se débrouiller seul, complètement seul. Il avait découvert quantités de choses. Ainsi, sa télépathie s’était développée. Il pouvait même manipuler certains esprits à sa guise. Il n’avait plus de problèmes de communication, il pouvait faire croire aux gens qu’ils l’entendaient. Mais ils avaient aussi rencontré des gens moins dupes que ça. Des gens qui, s’il pouvait communiquer avec eux, se rendaient tout de suite compte de la supercherie. C’est bien entendu à ces gens-là qu’il s’intéressa. Si certains étaient tout à fait normaux, d’autres en revanche en rentrant chez eux s’habillaient bizarrement, et créaient des phénomènes étranges. En les observant, Nahat se rendit compte que si souvent les adultes se rendaient compte de sa présence, ce n’était pas le cas des enfants. C’est d’eux qu’il s’était servi pour en savoir plus. Il avait eu vent ainsi d’une affaire qui fit sensation dans le monde de la sorcellerie. Une école avait ouvert ses portes en Amérique du Sud. Une école qui accueillait des vampires. Des loups garous. Des démons. Des monstres. Un article avait paru dans la gazette. C’est de ce papier-là dont Nahat avait voulu s’emparer, en vain. Mais il avait retenu l’endroit, et avait eu confirmation de ce qu’il soupçonnait. Ce lieu était fait pour lui.
Il repartit d’un pas allègre.
oO Amazonie, me voilà. Oo
Nahat a passé une année troublante à Héméra. Sa peur de lui-même le gênait dans ses contacts avec les autres, bien qu’il pouvait se servir pour la première fois normalement de sa télépathie. Certains élèves en étaient protégés cependant et il eut quelques problèmes de communication avec Tora. Il tomba amoureux de Jeihyah, mais là aussi leur relation était ambiguë, Nahat ne voulant pas trop s’engager de peur du démon qui sommeillait en lui. Il se découvrit un don pour la magie agliale musicale. Ou plutôt il découvrit carrément la magie agliale, n’en ayant jamais entendu parler et se supposant doué pour la musique, comme toute sa famille maternelle (il a appris le violon alto en même temps que son frère l’année qu’il a passée avec lui, et sa mère joue du violoncelle.) Son manque de contacts avec les autres a fait que sa deuxième année n'a pas été palpitante. Il y eut tout de même un éclat notable de Jei en cours de maîtrise de soi, qui lui fit très mal, mettant proche du point zéro son estime de lui-même, inversement à sa culpabilité qui prit des proportions alarmantes.
Caractère : Nahat ne parle jamais pour ne rien dire. il est taciturne mais fidèle à ses amis et peut faire un joyeux compagnon. En revanche, quand on arrive à le mettre en colère, ce qui est rare, ses yeux deviennent rouges et il peut mettre le feu n'importe où sans se contrôler.
Depuis son arrivée à Héméra, Nahat a la « parole » plus facile, mais il y a encore du boulot. Côtoyer des gens a eu de plus l’effet inverse de l’habitude et il est un peu plus solitaire. (Donc il se mêle moins aux gens, mais quand il le fait il parle plus)Cette année, Nahat a encore évolué dans ce sens, évitant ou presque n'importe qui se présentant sur son chemin.
Physique : plutôt grand, avec de longs cheveux noirs noués dans le dos, il a deux petites cornes en haut du front, mais il les garde constamment dissimulées sous un bandeau.
Durant l’année, Nahat a un peu grandi, mais n’a pas beaucoup changé physiquement.
Amours/ami(e)s : Nahat a lié quelques amitiés à Héméra. Smetanka, Miako, Callista et Tora notamment. Il est amoureux de Jei. Etant resté enfermé dans sa solitude la majeure partie du temps, Nahat n'a guère lié de connaissances... Il a néanmoins rencontré Sougai, et Marchal (qui ne lui a pas trop plu).
Qualités : calme, réfléchi, ne fait jamais quelque chose d'inconsidéré.
Ce côté s’est renforcé. Lorsqu’il est maître de lui, il fait attention à chaque fait qu’il accomplit, de peur des conséquences. Cela devient même un défaut, il manque de spontanéité. On ne peut pas dire que Nahat a acquis des qualités, cette année, son manque de contact avec les autres n'aidant pas.
Défauts : son mutisme l'a rendu réservé, et il se mêle difficilement aux autres.
Alors qu’au début de l’année ce pan-là de sa personnalité s’était un peu arrangé, il est retombé dedans pour une tout autre raison que son mutisme. Tourmenté, Nahat ne sourit plus beaucoup. De plus, il ne sait pas se décider. Il n'entame pas de relation franche avec Jei, mais ça ne l'empèche pas d'éprouver de la jalousie et peut-être un peu de possessivité.
Signe(s) particulier(s) : muet et télépathe. Don d'incendie non maîtrisé. Petites cornes sur le front. Porte toujours un bandeau pour les cacher.